Michèle Sylvander
Du 18 août et le 26 septembre 2008
Michèle Sylvander, "Une Brève Histoire d’amour", 2008
video
Michèle Sylvander, qui vit et travaille à Marseille et dont l'œuvre avait fait l'objet d'une importante exposition au MAC en 2002, était accueillie en résidence à Vidéochroniques. Celle-ci, qui s'est déroulée en plusieurs sessions de travail mises en œuvre entre le 18 août et le 26 septembre 2008, avait pour objet le montage et la post-production d'un premier court métrage de fiction intitulé "Une brève histoire d'amour", tourné en vidéo au début de l'été. L'artiste avait déjà été accueillie à Vidéochroniques, en 1997 puis en 2002, pour la réalisation de vidéos de nature plus performative ("Insomnie", "Somnolence", etc.)
Sous une première forme encore non définitive, le projet de Michèle Sylvander, soutenu dans le cadre des ateliers de candidature Marseille-Provence 2013, a fait l'objet d'une diffusion à la boutique Marianne Cat, à Marseille, du 2 au 23 septembre 2008.
Il fut montré dans le cadre de l'exposition personnelle consacrée à l'artiste, intitulée "Promenade en céphalée", qui s'est déroulée à l'Espace d'art Le Moulin, La Valette-du-Var, du 25 novembre 2008 au 24 janvier 2009 (vernissage le 22 novembre à 18h30). Une seconde version, dont la post-production fut réalisée à Vidéochroniques au printemps 2009, a été exposée à la galerieofmarseille du 20 juin au 31 juillet 2009.
"Depuis des années elle traque le monde de l’art, l’ "entourage", ses amis, les galeristes-conservateurs-artistes-collectionneurs qu’elle rencontre "dans des situations disons sociales", dit-elle à Jean-Christophe Royoux, (catalogue du Mac) à l’occasion de vernissages ou de fêtes, comme Yvette Troispoux poursuivait les photographes avec son vieil appareil photo. De retour à l’atelier, dit-elle, scrupuleusement, moitié archiviste, moitié postière : "J’étale, je trie, je classe, je tamponne, j’expédie." Les intéressés reçoivent leur
photo, avec plaisir ou pas, le plus souvent avec une certaine gêne, non pas seulement parce qu’ils se trouvent "affreux" ou parce qu’ils se posent des questions sur l’usage éventuel que l’artiste pourrait
faire de leur image (leur jeter un sort ?), mais parce qu’ils se demandent bien ce qu’une telle transaction veut dire "artistiquement", quelle intention poursuit l’auteur, quelque chose comme : "Que me veut-elle ? Après tout ?". Je ne sais pas si certains destinataires de ces snapshots de vernissage lui ont adressé une somme d’argent pour la dédommager de son envoi, mais le doute dût gagner plus d’un. Quel piège il y avait là, enfin ? À l’entendre, ces images n’avaient qu’un seul objectif : "tout rattraper", sauver ces instants
de l’oubli, archiver ce qu’on sait voué à disparaître, relever ce peu, cette chute, faire de ce rien quelque chose.
Dans "Une Brève Histoire d’amour", un court métrage réalisé en 2008, elle convie ce petit monde à une party, filme les divertissements des uns, les histoires d’amour des autres, l’inévitable piscine (qui, chez elle
tout comme la séquence inévitablement pagnolesque des cartes, annonce le Styx) mais sur la bande son, c’est à peine si on entend la rumeur du jardin et des acteurs invités à jouer leur propre rôle. Au lieu de sauvegarder ce qui a été, tout se passe comme si cette brève histoire connue d’avance mettait en image sa fin annoncée : fin d’Isadora, dont la mort, en 1927, sur la promenade des Anglais, étranglée par son écharpe écarlate prise au moyeu de sa Bugatti décapotable, fin de ses enfants noyés, fin du petit monde des cocktails qu’elle a si longtemps photographiés et dont ce film est en quelque sorte le tombeau."
Extrait de la publication Trace, Automne 2008 - Hiver 2009 - Page 9
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