Pierre Daniel
Pierre Daniel, Ostende Etroniforme, 2017
Encre de chine sur papier,
400 x 124 cm
Né en 1987 à Saint-Brieuc
Vit et travaille à Bruxelles
Pierre Daniel est diplômé des Beaux-arts de Caen puis des Beaux-arts de Paris.
Monstres et démons occidentaux foisonnent dans ses dessins et ses sculptures. James Ensor et Léopold II fusionnent pour devenir un ogre ostendais qui dévore le peuple congolais. L’artiste nous propose une fusion inattendue pour une réécriture critique de l’histoire récente de la Belgique. Pierre Daniel s’intéresse aux rapports entre violence et pouvoir. Il propose à travers ses dessins, sculptures, textes et performances de transcender cette violence en stimulant l’imagination. Matières, images et mots sont ici malmenés. Il a participé à des expositions au 104 à Paris, à jeune création en 2013 et à plusieurs expositions collectives à la galerie Alain Gutharc à Paris. Avec Valentin Tableau, il a également présenté le projet de poésie sonore “L’Épopée Ostendaise Machoirdée” dans différents lieux d’exposition et salles de concert.
Le travail de Pierre Daniel porte sur les rapports de force existants autant dans le passé colonial belge, encore très présent en Belgique, que dans notre monde contemporain où la présence de la violence s’intensifie.
"Je suis très sensible à la violence du monde actuel, qui se manifeste de différentes façons. Nous la vivons dans la vie quotidienne, au travail, en rue ou dans les journaux. La violence du pouvoir et des autorités, mais aussi la violence sociale causée par le capitalisme et la surexploitation par les multinationales en sont de bons exemples."
Par l’emploi de matériaux "pauvres", Pierre Daniel joue entre caricature de personnalités politiques et artistiques belges et détournement des architectures coloniales belges, encore omniprésente dans le pays.
“Pour ma récente expo La Hernie du Coffre-Fort du Coin-du-Diable en l’espace Coffre-Fort, géré par les artistes, j’ai comme souvent, greffé ces récits à l’histoire du lieu. Ce coffre-fort appartenait à un peintre-bijoutier, qui pratiquait la tradition bruxelloise de la zwanze et fabriquait des têtes géantes pour le carnaval. J’ai littéralement intégré ce gigantesque coffre dans ma sculpture. Il évoque un trésor monstrueux, qui sort du coffre pour surgir dans l’espace. J’ai donné au trésor la forme d’un trône royal à têtes de lion, en même temps une sorte de sanitaire gigantesque d’où s’échappent des monstres.
Dans le sable, une référence à la plage, on trouve des coupures de magazines coloniaux des années 1950-1960, mais également des équipements de protection policière, dont un casque et un protège-tibia, qui font référence à la répression actuelle. Par ailleurs, un être organique en plastique rose dépasse de ce coffre. Les extrémités de ce monstre, mi-humain mi-informe, sont vêtues de chaussures de police et genouillères de protection. Au même titre que les déjections, la force et la violence sont des choses que l’on ne veut pas voir, mais qui ne cessent de remonter à la surface, quoiqu’il arrive. L’utilisation de plastique s’inscrit également dans ce cadre. La manière brutale dont j’en use, met particulièrement en évidence la monstruosité de ce matériau.”
Elien Heantjens, Pierre Daniel, Collect Arts Antiques Auctions, Belgique, n°498, avril 2020
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