top of page

[exposition]

Home-tech, art maigre et autres formes ordinaires

12 avril au 10 mai 2003

Samuel Rousseau

RESSOURCES

Carton de l'évènement

POUR ALLER PLUS LOIN

Hetzel_Suzanne-Résidence-La-Compagnie-2021-De printemps en printemps-février-Abdellah1.j
Samuel Roousseau
Couderc-Thomas.jpg

Samuel Rousseau et Vidéochroniques ne sont pas des inconnus l’un pour l’autre. Depuis 1997, le travail de cet artiste a déjà été associé à plusieurs projets conçus ou mis en œuvre par l'association, essentiellement à travers des programmes collectifs projetés en salle (La Station, Nice, 1998 ; Centre d'Art Plastique de Saint-Fons, 1998 : Le Miroir, cinéma des Musées de Marseille, 1999 : festival Bandits-Mages, Bourges, 1999 ; Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de Nice, 1999 : festival Les Vidéogrammes, Marseille, 2000.). Plusieurs de ses œuvres ont aussi été diffusées au Canada à l'automne 2001, alors que l'association y était invitée afin de présenter une sélection d'artistes français à Québec, Montréal et Ottawa.

Mais ça ne suffisait plus. Les formes de diffusion que nous avions privilégiées jusqu'alors pour rendre compte de sa démarche sont aujourd'hui mal adaptées aux déplacements et à l'évolution qu’elle à connus, qui ont conduit le travail à se formuler et à se formaliser autrement. Des premières œuvres vidéo, généralement des plans-séquences mettant en scène des actions performatives conduites et filmées par l’artiste, il reste aujourd'hui encore un goût prononcé pour le banal et le vulgaire (au sens étymologique : «le commun des hommes»), les formes ordinaires, pauvres de préférence, les objets anodins empruntés au quotidien et à l’univers domestique. En cela, elles font toujours figure de manifeste.

On comprend donc qu’elles aient anticipé très naturellement les installations que Samuel Rousseau réalise désormais, et plus particulièrement celles que nous avons choisies de réunir à Red District, de concert avec l'artiste. Les dernières n’ont rien perdu du caractère tout à la fois insolent, profane, poétique, modeste et fabuleux des premières. Elles sont toutefois imprégnées d’une distance nouvelle qui leur confère une dimension autrement significative. Il fallait donc leur consacrer une exposition.

Celle-ci regroupera notamment : une série d’œuvres que l'artiste nomme "Papiers peints vidéo", dont les motifs animés s'inspirent des éléments répétitifs et décoratifs recouvrant les lés de papiers qui tapisse,t de nombreux intérieurs avec un bonheur inégal ; des "Canevas électroniques", représentations d'autant plus triviales qu'elles sont souvent inspirées d’œuvres maîtresses de histoire de l'art, co-réalisées par des mains anonymes et dont certains détails sont remplacés par l'image animée que produit un écran miniature ; plusieurs napperons brodés dont le dessin reprend le graphisme grossier de certains tatouages ; un lave-linge - essor d'un dispositif vidéo et intitulé “Lessive raciale”, pour se rappeler avec quelle (im)pertinence il sait détourner les ustensiles

Par analogie et dans un autre registre, on pense au geste d'Erik Satie, à ses musiques d'ameublement et à sa fascination pour les ouvrages en fer forgé, mêlée de dérision et de respect ; Mieux : on se surprend à imaginer une improbable interprétation à l'accordéon d'une pièce composée par Steve Reich ou Philip Glass.

Samuel Rousseau retourne les situations : il met sens dessus dessous les valeurs et les codes qui régissent nos habitudes perceptives, nos réflexes cognitifs, et qui font si souvent figure d’évidences. Il n'hésite pas à porter au rang d'œuvres d'art ces objets ou ces gestes sans importance, les «ouvrages de dames» par exemple, habituellement dévalorisés ou carrément décriés. D’un autre côté, il ironise sur la technologie, sur les postures ridicules, les modèles et la foi qu’elle suscite quand elle est abordée sans aucune perspective. C’est ainsi qu’il remet les choses à leur place, l’artiste en particulier, lui le premier et sans complaisance.

Edouard Monnet, directeur de Vidéochroniques

bottom of page